Les origines du Coton de Tuléar

Le Coton en France


Ils débarquent à l'Aéroport d'Orly, etc.

Tout à fait à l'opposé de ce qui s'est passé à Madagascar, le coton a prospéré en France et est depuis des années l'une des "grandes races" de ce pays. Cette réussite est inscrite d'ailleurs dans le standard de la race (Standard FCI N° 283 en annexe) dont la rubrique "Bref aperçu historique" commence par : "Introduit en France en 1977…" Oui, même le Standard situe le vrai début de la race au moment où il débarque en France même si le premier Coton arriva ici bien avant les années soixante-dix…

Coton debout de face

Ceci dit, loin d'être seulement idyllique, la carrière française du coton a été pour le moins heurtée et l'on ne doit qu'à une poignée de vrais amateurs passionnés, épaulés ensuite par le club, ainsi qu'à la qualité génétique extraordinaire de la race même, la réussite du coton d'aujourd'hui.

Aussi, devons nous balayer devant notre porte.

Comme pour beaucoup de races à succès en Europe, la carrière "française" du coton a été accompagnée de quatre véritables catastrophes. Lorsque, pour quoi que ce soit en ce monde la demande dépasse très largement l'offre — et cela a été pendant des années le cas de notre petit ami —, la voie est ouverte aux indélicats, fraudeurs, contrefacteurs et autre margoulins pour réaliser rapidement des profits illicites.

L'État, les douanes, la police dépensent une somme considérable d'énergie et d'argent pour lutter contre la contrefaçon de nos marques d'objets de luxe (parfums, bagages et autres polos brodés de crocodiles) mais il ne doit leur en rester guère pour traquer la contrefaçon de chiens…

Si l'on peut aisément comprendre les motivations de ceux — première catastrophe — qui ramassaient dans les villages malgaches tout ce qui ressemblait à un coton pour l'expédier en France car la vente d'un de ces petits chiens faisait vivre une famille pendant des semaines, il est plus difficile de trouver des excuses à l'autre branche de ce réseau qui réceptionnait ces chiens à l'aéroport d'Orly. Non seulement ils acceptaient de "remettre dans le circuit" des chiens malgaches sans aucune caractéristique de coton, mais ils ont en plus usé et abusé du "label" en provenance de Madagascar. Le cheptel français commençant à être conséquent, le club mettant en garde les futurs acheteurs par voie de presse, ils ont vite trouvé une première parade en plaçant les "meilleurs" ici et au moyen d'autres correspondants, ils expédiaient le "déchet" à l'étranger. Ce fut la deuxième catastrophe.

Mais il y eut plus grave encore. Les expéditions malgaches ne suffisant manifestement pas, ils ont "produit" eux-mêmes des cotons "en provenance de Madagascar". Comment ? Tout d'abord en écumant les refuges pour animaux perdus ou abandonnés et en rebaptisant "coton" toutes leurs trouvailles. Puis, informés qu'un Bichon Maltais trop grand était refusé à la confirmation de même qu'un Bichon Frisé s'il avait la moindre tache, ils rachetaient à ces éleveurs les "mauvais bichons" et, sous l'estampille Madagascar recommercialisaient ces chiens. Troisième catastrophe. Elle est la plus grave de toutes. Car si les "mauvais" cotons malgaches ont pour eux au moins le capital "santé" dû à la sélection naturelle de centaines de générations, l'introduction dans la race des "mauvais" bichons s'accompagne aussi des tares génétiques véhiculées par toutes les erreurs commises par la sélection et les mauvais mariages décidés et réalisés par l'homme sur un nombre tout aussi important de générations.

Certains "éleveurs" (je mets des guillemets tellement il me répugne de qualifier éleveurs de simples crapules) en ont "rajouté une couche". S'étant trouvés en possession va savoir comment de chiennes refoulées en confirmation (et pour cela aux débuts de la race en France il fallait qu'elles soient franchement vilaines) ils n'ont pas hésité à les faire reproduire quand même et à vendre leur progéniture sous le label de "vrai" coton, puisqu'en provenance - soi disant - directe de Madagascar. Cette quatrième catastrophe qui a heureusement pratiquement cessé chez nous semble durer encore dans d'autres pays.

À qui la faute pour ces catastrophes ? À la loi du marché ? Oui, mais aussi à l'ignorance, ou disons au manque d'information de ceux qui achetaient leur petit chien. Et l'une des idées reçues qui a la vie dure est de penser qu'en chien, la provenance équivaut à qualité. C'est croire que n'importe quel caniche, du moment qu'il est français, vaut plus que le caniche né en Italie d'une lignée prestigieuse. C'est croire que n'importe quel chien genre berger au fin fond d'une cour de ferme, mais né en Allemagne est le "vrai" Berger Allemand. Nous sommes atterrés de constater que même certains clubs du coton outre Atlantique marchent dans cette combine en prétendant posséder eux les "vrais" cotons de Madagascar. Pour étayer cette affirmation douteuse ils n'hésitent pas à débaptiser le standard de la FCI (qui n'est que l'officialisation du standard de la Société Canine de Madagascar) en le qualifiant de francophone !!! et d'en inventer un nouveau (qui correspond aux pseudo-cotons arrivés là-bas on ne sait comment) en l'estampillant de américano malgache !

Ainsi m'arrive-t-il encore de croiser des chiens (de moins en moins souvent en France), et lorsque intrigué j'en demande la race et que le maître me dit "Coton de Tuléar" et très souvent "il vient droit de Madagascar", les bras m'en tombent. L'arnaque n'est pas complètement terminée, mais à quoi bon décevoir ces propriétaires ? Généralement je ne dis rien qui puisse leur faire perdre leurs illusions. Mais si vous n'avez pas encore acquis votre petit coton, de grâce, ne tombez pas dans ce genre de traquenard.

Le succès du "Chien anti-stress"

À son arrivée en France le coton a immédiatement conquis son public. Son impayable frimousse, sa légende et son passé, son exotisme et sa personnalité ont vite fait de séduire. Et séduire c'est ce qu'il sait faire de mieux. Ceux qui cherchaient un chien de luxe et très rare trouvaient dans ce petit chien à la fourrure immaculée l'objet de leur désir. Ceux qui voulaient un "vrai" chien trouvaient dans notre ami un partenaire à leur mesure qui ne cesse de les surprendre tant il peut se comporter en "grand" chien qu'il est dans sa tête.

Comme nul autre il sait chasser la monotonie d'un foyer. Constamment à l'écoute de ses maîtres il démarre au quart de tour toutes les activités que vous pouvez lui proposer. Parfaitement observateur il sait deviner les bons moments pour le jeu ou pour les câlins. Si vous avez un passage difficile ou du vague à l'âme il se fait présent pour vous assurer de son amour. Quantité de propriétaires de cotons racontent les périodes où cloués au lit par la maladie leur coton ne les quittait pas une seconde et où il fallait l'entraîner de force à l'extérieur pour faire ses besoins tellement il prenait à cœur son rôle de garde-malade.

En tant que chien unique le coton est généralement sage. Il peut sans problème s'adapter à une vie calme et sédentaire. Il sera le ravissement et le réconfort d'une personne âgée au point de surprendre même ceux qui pensent bien le connaître.

Nous avons eu un jour un appel d'une dame qui venait de perdre son coton et qui voulait reprendre un chien de la même race pour son calme et sa sagesse. Un peu surpris nous lui avions demandé si elle était vraiment certaine qu'un petit coton était ce petit ange et si elle n'avait gardé que le souvenir des dernières années de son vieux coton qui aurait fini par le devenir… Non, nous assura-t-elle, son chien avait été une image tout au long de ses quinze ans d'existence. Rendez-vous fut pris et elle vint nous rendre visite.

La portée qui mettait à cette période notre maison sens dessus dessous avait 7 semaines et était composée de 5 chiots qui n'avaient que l'apparence de petits anges et encore seulement quand ils dormaient. Un en particulier était redoutable. Nous l'avions surnommé "oh quelle horreur". Petite tornade blanche, il courait partout la bouche ouverte pour ne pas perdre un instant pour saisir rideaux, nappes, chaussures, plantes… tout ce qu'il pouvait.

La dame vint, vit "oh quelle horreur" et s'exclama qu'il était la copie conforme de son chien défunt et que c'est celui-ci qu'elle voulait. Nous avons essayé de la dissuader tout l'après-midi en lui proposant n'importe quel autre… Rien n'y fit. "Oh quelle horreur" passa l'après-midi sur ses genoux tout en sagesse et en douceur. Elle nous le réserva et repartit et le monstre redevint aussitôt "normal", à savoir insupportable.

Il ne changea rien à ses habitudes pendant les quinze jours qu'il passa encore à la maison, marquant de son empreinte meubles et vêtements. Puis, quand il fut temps il partit avec sa nouvelle maîtresse. Nous avions appris entre temps que sa maîtresse dirigeait une maison de retraite et qu'il lui fallait un chien particulièrement calme et sage pour ne pas déranger ses pensionnaires. Nous recevions régulièrement et avec beaucoup d'appréhension de leurs nouvelles. Incroyable, mais vrai, "oh quelle horreur" était d'une sagesse exemplaire. Ami de tous les pensionnaires, il passait sa journée avec eux. Allant les saluer l'un après l'autre dès le matin et en oubliant aucun de ses amis lors du bisou du soir… Il avait dès le premier jour "pigé" quel chien sa maîtresse voulait et comme lui aussi l'avait choisie elle, eh bien il a fait en sorte de lui faire plaisir et d'être tel qu'elle souhaitait qu'il fut. Dire qu'elle en est folle est un doux euphémisme.

En bande, le petit trésor change et on a coutume de dire un coton, ça va, trois, bonjour les dégâts. Mais comment parler du coton en bande sans évoquer l'histoire du Coton et du Crocodile que seuls les dirigeants d'une société fabriquant des chemisettes feignent d'ignorer ? Laissons encore parler Bulle :

"Ce n'est pas une "histoire", car plusieurs explorateurs l'ont également rapportée.

Comment une petite bande de cotons traverse une rivière ou un marigot infestés de crocodiles ? Voulant éviter de servir de repas de choix à ces gros reptiles, la bande repère l'endroit le plus propice pour traverser l'étendue d'eau, s'y tapit et s'y fait oublier. Puis, un membre de la bande s'éloigne le long du rivage de plusieurs centaines de mètres. Là il aboie, s'agite, fait mine de traverser, met tout en œuvre pour attirer l'attention des sauriens. Ceux-ci accourent de toutes parts et attendent qu'il s'aventure dans l'eau en se léchant les babines. À ce moment, tout le reste de la bande sort de sa cachette et traverse la rivière le plus vite possible. Voyant et entendant cela, les crocodiles furieux se retournent et se précipitent vers la bande, mais trop tard, tous ont traversé. Et c'est alors le tour de celui qui a berné les crocodiles de profiter de quelques moments de répit pour rejoindre l'autre rive. Puis toute la bande se retrouve et part vers on n'ose imaginer quels nouveaux larcins".

Cette histoire résume celle de dizaines de nos clients (et amis). Il y a une phrase qu'ils prononcent toujours en parlant de leur coton :

"…c'est exactement le chien que nous avons désiré"

Et c'est la clé de son succès. Il peut s'accommoder à tout style de vie et il veut se faire aimer en vous faisant plaisir. Ses qualités physiques et psychiques aidant, il y réussit à merveille.

----

© 1997-2003 CCCE • Écrire au Club • 14 octobre 2003