L'avortement


Quand fait-on avorter sa chienne ?

Nombre d'entre vous refusent de s'encombrer d'une progéniture : question de choix, de principe, de moment (vacances), de lieu (appartement), de disponibilité ("je travaille") de sensibilité, d'esthétique…

Il est parfois préférable de recourir à l'avortement pour des raisons médicales : chiennes trop âgées (les gestations sont fortement déconseillées après l'âge de 8 ans) ou qui connaissent un problème de santé (insuffisance rénale, hépatique, cardiaque, diabète, etc…) Il arrive encore, "l'amour" étant aveugle, qu'il existe une très grande disproportion entre le mâle et la femelle, bien trop petite par rapport au mâle qu'elle a choisi. Il se trouve alors que les chiots sont trop gros pour traverser le bassin de leur mère. L'accouchement peut être impossible ou non souhaitable.

Autre possibilité : supprimer les nouveau-nés.

Ce n'est pas très satisfaisant sur le plan éthique. Est-il vraiment nécessaire de faire subir à la lice les souffrances de l'accouchement, de la lactation et la frustration de la séparation ? Les complications d'inflammation des mamelles ne sont pas rares si on ne tarit pas la lactation. De toute façon la chienne est perturbée, il nous semble donc que c'est une très mauvaise solution.

Les oestrogènes : pas sans danger.

Reste l'avortement médical, le plus courammment pratiqué. Il faut venir faire 3 injections d'oestrogènes à 48 heures d'intervalle, entre le 8e et le 15e jour de la gestation presumée. Cette méthode, efficace à 94%, a cependant trop souvent tendance à induire des infections de l'utérus.

D'autre part le cycle peut devenir très fantaisiste après un tel traitement. Et certaines chiennes deviennent stériles, inconvénient majeur pour celles destinées à la reproduction. Inconvénient d'autant plus important que l'intervention ayant lieu précocément dans la gestation présumée, il est quasiment impossible de diagnostiquer avec certitude la gestation. On peut donc très bien faire courir à une chienne des risques… pour rien, alors qu'elle n'était pas enceinte (seules 60 à 70% des chiennes saillies sont réellement enceintes).

L'avortement tardif devenu possible.

Une autre méthode a été mise au point : l'avortement par les prostaglandines. Celui-ci s'effectue à partir du 30e jour de gestation, échéance à laquelle on a pu, grâce à une échographie, vérifier la présence ou non de foetus.

On décide alors d'interrompre la gestation à bon escient, à raison de 3 injections à 48 heures d'intervalle… Les prostaglandines présentent l'inconvénient de provoquer des symptômes déplaisants, tels que salivation, défécation, vomissements et baisse de température dans les deux heures qui suivent l'injection, ce qui rend nécessaire une courte hospitalisation à chaque fois.

Généralement la chienne est hospitalisée une journée à l'issue de la 3e injection, en prévision de l'expulsion du contenu utérin, prévue vers le 5e ou 6e jour du traitement, et à l'issue duquel une nouvelle échographie permet de vérifier la vacuité de l'utérus. De plus, en raison de certaines contre-indications possibles (telles que insuffisance rénale, cardiopathie), il est nécessaire que la chienne soit placée en observation durant cette journée d'expulsion.

La méthode d'avortement aux prostaglandines allie donc une efficacité satisfaisante (92%) à une bonne innocuité, et ne compromet pas les gestations ultérieures, avantage déterminant pour les chiennes destinées à la reproduction.

Cependant, dans 8% des cas, l'avortement reste partiel, et dans ce cas, la seule solution consiste à ouvrir l'abdomen pour cureter l'utérus (intervention très difficile en raison de la forme tubulaire de l'utérus des mammifères). D'autre part il existe un risque d'infection ultérieur ; donc cette solution n'est à envisager que chez les reproductrices de grande valeur). Ou alors mieux vaut enlever purement et simplement cet organe reproducteur devenu source d'ennuis.

Sûr l'avortement aujourd'hui ?

A force de recherches, les laboratoires ont mis au point une molécule commercialisée sous le nom de Alizine Nd, qui allie l'excellence des résultats à une très bonne sécurité pour la chienne. En effet, l'efficacité est de 100% dans les 18 premiers jours de gestation, et de 95% entre le 19e et le 45e jour de gestation. Cet abortif garde intact le potentiel reproducteur de la chienne. Le vétérinaire fera 2 injections 2 jours de suite. En cas d'intervention précoce, vous ne verrez rien sortir, hormis quelques pertes transparentes très discrètes durant 2-3 jours : il y aura résorption embryonnaire. En cas d'intervention tardive, l'expulsion du contenu utérin se produit en 3 à 7 jours.

L'Alizine Nd marque une étape décisive dans l'avortement de la chienne et de la chatte aujourd'hui.

Y a-t-il des contre-indications ?

Non, aucune avec l'Alizine Nd. Même pas l'âge ! Une étude portant sur plus de 400 chiennes âgées de un à 16 ans (j'espère que "16 ans" ne donnera des idées à personne, ndlr), suivies régulièrement pendant 6 mois, a permis de confirmer l'absence de toxicité du produit.

Une lactation, probablement…En cas d'avortement tardif, une lactation se produira probablement. Il faudra la tarir pour éviter les douleureuses complications de mammite. Le premier cycle sera peut-être raccourci de un mois et demi à 3 mois. Les chiennes reproductrices conserveront des chaleurs normales. Les gestations ultérieures se dérouleront normalement, même après plusieurs avortements, ce qui n'est pas le cas avec les oestrogènes. Ceux-ci ont également le défaut de prolonger les chaleurs d'un à deux semaines.

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